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Vendredi. Je rentre au Hanok à Myungdong.

Mon samedi est off alors hors de question de le passer au dortoir. La SAU me sort par les trous de nez, avec tous ses étudiants grotesques et emmerdants... Il me faut un break.

Sur le chemin du retour je m'arrête à un petit restaurant éphémère pour manger et boire... Evidemment après avoir payé et être sortie, je dégueule tout dans le caniveau avant de prendre le métro.

Devant la pente qui mène au Hanok, je me retourne pour vérifier que personne n'est derrière moi puis j'avance lentement. Je tire sur la clochette pour annoncer mon arrivée et immédiatement, j'entends des pas s'agiter dans la maison.

Entrant, je m'avance dans la cour jusqu'à ce qu'une domestique vienne à ma rencontre et s'incline.

- Bonjour, Madame.

Je m'incline à mon tour.

- Bonjour Sol Hee. Je suis désolée, je n'ai pas prévenu avant de rentrer...

- Vous êtes chez vous Madame. Pourquoi prévenir?

- Tout de même, dis-je en m'asseyant sur le porche pour retirer mes chaussures, rêveuse.

- Devrais-je appeler les autres domestiques, Madame?

- Hm? Non... Je n'en aurais pas besoin. J'aimerais limiter le nombre de gens ici , ce sera un week-end de repos. Tu peux prendre ton week-end, Sol Hee.

- Bien Madame. Je n'appellerais personne alors. Avez vous besoin que je fasse quelque chose avant que je parte, Madame?

- Non merci... Repose-toi. Je t'appellerais si besoin est ou quand je quitterais la maison.  

Elle s'incline et disparait. Aussitôt le pas de la porte passé, je soupire et rentre à l'intérieur. Je retire mes vêtements, me douche et redescend en short et t-shirt. J'ouvre le frigo et me prend un poche de sang avant d'aller me foutre devant la télé et vers les coups de 22h, je m'endors profondément... Savoir qu'il n'y aura pas de réveil programmé vous retire un poids des épaules... Vous savez que vous pourrez profiter de votre temps.

Dependant, aux alentours de 4h du matin, je me lève, en sueur. Toujours la même raison. La télé allumé manque de me faire faire un syncope. Immédiatement j'allume la lumière et tente de me calmer. Dormir la nuit n'est pas une option pour moi. Ça confirme un peu plus le cliché du vampire , pas vrai? C'est con...

J'ère dans la maison avant de sortir dans mon jardin pour faire de la jardinerie jusqu'à ce que je sois trop fatiguée pour tenir. Quand je me réveille, il est environ 10 heures. Le soleil tape à l'autre bout de la pièce. Mais je ne bouge pas. Je reste immobile, comme morte...

Quand j'étais plus petite, je faisais croire à Heechul que je l'étais. Je tombais et ne bougeais plus. C'était drôle, parce que mon frère jouait très bien la comédie. Il me faisait croire qu'il était désespéré... Heechul à toujours été fort pour la mise en scène et son jeu d'acteur... Je n'arrive pas à croire qu'il soit mort.

Après avoir vérifié la bourse, je finis par me lever et me rend compte que... Je n'ai rien à faire. Quand Heechul était là, nous regardions un film en jouant au go, mais là...

- Eh bien... Il est temps de me trouver quelque chose à faire.

Je me suis déjà trouvé un truc à faire: me trouver un truc à faire. C'est pas merveilleux?

Alors je me change, met de l'écran solaire et une casquette avant de sortir et aller jusqu'à Yeouido. L'endroit est calme et me convient. Je le connais notamment pour les nombreux contrats que je suis venue signer dans certains des bâtiments ici.

Je marche et dès que mes yeux croisent quelque chose que j'apprécie: j'entre, je l'examine puis je l'achète (si ça en vaut la peine) puis je ressors. A bout d'un moment, entrer dans des boutiques me fatigue. A chaque fois que j'entre dans un lieu vide de monde, il finit par se remplir. Comme si les gens me suivaient... Je sais que c'est irrationnel comme manière de penser, mais j'ai vérifié et franchement, j'ai du mal à croire qu'il n'y a pas une histoire surnaturelle là dedans.

Alors je finis par aller me chercher un grand chocolat chaud pour me réfugier dans le parc de Yeouido. Là, je rencontre des personnes âgées sous un kiosque, ils jouent au go... Ça me rappelle New York et les gens qui jouaient aux echecs... Et Heechul.

Heechul aurait adoré venir jouer au Go ici avec moi. Je l'imagine très bien me sourire en essayant de tricher. J'inspire et jette un oeil au plateau. Ça ne se présente pas bien pour l'un des deux. D'ailleurs, il me regarde l'air d'attendre un geste de ma part.

- Vous devriez bouger défendre votre gauche , si vous voulez mon avis, dis-je en souriant chaleureusement.

Je ne souris pas tous les jours de cette façon. Mais quand je le fais, j'aime que ce soit pour des gens qui ne me connaissent pas et qui sont en décalage avec mon monde. Il opine du chef et finit par continuer son jeu avant de me sourire pour me remercier. Je m'incline et me retire pour aller sous un autre kiosque. Vide cette fois et au bord de l'eau.

Là, je m'installe, retire ma casquette, met mes earbuds dans mes oreilles avant de sortir mon carnet et les nouveaux stylos que j'ai achetés. Personne ne le sait, mais j'ai un faible pour la papeterie... Surtout les stylos. Celui-là, est une plume au l'encre bleue d'outre-mer.

La couleur est jolie... Je me met à écrire, composer, produire.... Et peu à peu, grâce au bon éclairage,  la douceur du temps et le silence, je m'endors doucement mais sûrement, plume en main...

Sauf qu'il ne faut jamais s'endormir dehors avec des PAPIERS EN MAIN.

Vous me direz que mon carnet est un carnet dont les pages sont toutes reliées... FAUX! Il y a tout plein de papier glissés, collés, agrafés... Tellement qu'il est gros comme un parpaing.

Il suffit d'une brise pour que mes petits papiers s'envolent. Je ne me réveille pas immédiatement, mais en entendant le bruit de feuillettes volantes, je sors de mon sommeil avec effroi. Dans l'action, j'oublie que j'ai une plume en main. J'appuie dessus et arrive ce qui arrive: je met de l'encre partout sur mes mains (et surement ailleurs vu que je me suis touché le visage.

Là, sous le kiosque, mes papiers volent et tournoient, tels des oiseaux que je tente de rattraper.

- Non...! Non! Quelle idiote! Merde!

Je parviens à en attraper quelques un , mais soudain, le vent souffle de nouveau et les papiers s'éparpillent hors du kiosque. Le cauchemar... Dans un élan désespéré, je me penche sur la rambarde et tente de les rattraper, mais c'est inutile. Je me calme et remarque que la majorité vient se coincer dans les branches des arbres. J'aurais juste à les récupérer...

Après tout, ce n'est pas moi qui cherchais de quoi m'occuper? Voilà.

Je ramasse tout mon bordel avant de sortir de mon kiosque et partir à la chasse aux papiers. Ceux qui sont par terre, bloqués dans les buissons ou dans les basses branches des jeunes arbres sont simples à ramasser, mais ceux qui sont sur les arbres d'âge mûr..

- Aller! Viens ici!

Je regarde autours de moi et attrape un petit bâton avant de grimper ( enfin... Si on peut appeler ça grimper...)  sur le tronc. M'appuyant sur la première branche je tend pathétiquement mon bâton vers le papier qui se trouve encore bien loin... Les jambes dans le vide... Le sac pesant sur mon épaule.

- Hmpf!

Je dois être grotesque avec mon encre, les papiers, mon bâton et tout le reste...



Emme