Vous refusiez d’y croire. Il y a encore quelques semaines, vous participiez avec insouciance aux festivités de la rentrée. Entre vos cours d’histoire du cinéma et les premiers tournages, vous avez rencontré cette personne qui a su vous envoûter par ses paroles mielleuses. Puis elle vous a changé. Vous avez bu quelques gorgées et la soif est devenue insoutenable jusqu’à ce que vos mains soient souillées de sang. Oui, vous n’êtes plus humain.

Légende urbaine souvent source d’imaginaire pour adolescents, les vampires existent et vivent parmi les humains. Votre voisine, le chauffeur de bus, l’employé de bureau lambda ou la dernière actrice en vogue, ils peuvent être n’importe qui. Rien ne les différencie des humains hormis leur alimentation qui, depuis des siècles, est constituée de sang animal. De nature discrète pour protéger leur race largement minoritaire, les vampires tiennent à garder leur existence secrète du grand public. Pourtant, récemment, un groupuscule, Hyeol, s’est détaché de ces traditions et cherche à gagner en puissance afin de ne plus avoir à se cacher. Et pour se faire, ils n’ont trouvé qu’un moyen: agrandir leurs rangs en transformant des humains en vampires. Appelés assoiffés, ces êtres pas encore complètement vampires mais plus vraiment humains, vont devenir de plus en plus incontrôlables, mettant en péril le secret vampirique.

L'université des Arts de Séoul a ouvert ses portes il y a presque 100 ans. Au départ petite école où les riches propriétaires venaient découvrir les Beaux Arts, elle a su évoluer avec son temps et s'ouvrir à de nouvelles disciplines. Musique, mode, cinéma, design s'ajouteront à son menu de diplômes. Suite au développement économique sud-coréen fulgurant de la fin du XXème siècle et à la renommée culturelle du pays grâce à la vague coréenne, l'UAS est elle aussi aujourd'hui reconnue comme une des plus prestigieuses écoles d'Arts du monde, accueillant chaque année de nombreux étudiants étrangers.

Cependant, malgré les sourires de façade, une atmosphère lourde pèse depuis quelques mois sur l'UAS. Chaque semaine, des étudiants, des professeurs, des membres du personnel sont retrouvés inconscients dans une cage d'escalier ou derrière un bâtiment. Amnésiques des dernières 24 heures, ils manquent tous d'une quantité non négligeable de sang et les seules marques de blessures sur leur corps sont deux petits ronds rouges.

La direction fait tout son possible pour étouffer l'affaire qui nuirait à sa réputation et a engagé quelques détectives privés qui se sont infiltrés dans l'université. En tant qu’étudiant ou personnel, ils vont chercher qui, ou quoi, pourrait être la cause de ces agressions.

Cela fait des mois que les rumeurs courent dans les bruits de couloir, mais personne n'ose trop y penser, n'ose trop le dire, de peur de concrétiser tous ces accidents qui n'étaient jusqu'ici qu'un mythe un peu glauque.


Il est 7h50.
L'université ouvre ses portes.
Sur le mur de l'entrée, vous le voyez partout. En peinture rouge, comme pour coïncider avec la teinte des rumeurs, c'est écrit.


Une accusation qui fait rire ou murmurer, alors que les agents d'entretien et les professeurs qui passent s'occupent de gérer la situation et de faire circuler les élèves. Certains n'y croient pas, d'autres en tremblent, mais beaucoup se demandent qui est le signataire de ce fameux message. Un simple tiret sous le message, signé d'un rouge de tout aussi mauvais goût.


Personne n'a jamais entendu parler de ce personnage, mais il est désormais sur les lèvres de tous les étudiants. Son identité ? Son but ? Il n'a pas fallu longtemps pour que les rumeurs ne commencent à s'enflammer une nouvelle fois. Certains parlent d'une âme solitaire qui se rebelle, ou d'un lunatique après qui les supérieurs courent, ou encore d'un groupuscule d'élèves lié aux associations occultes de l'établissement qui nient toute implication.

Le fait est qu'une seule rumeur persiste.
Si vous allez dans le petit chemin derrière l'ancien observatoire, vous trouverez une petite boîte sans grande taille ou importance, ou décoration. Une simple, modeste, petite boîte à la couleur d'un rouge semblable au message posté sur le mur. Le journal de l'université en a fait un article dès qu'on l'a trouvée.


Ceux qui déposent un message le voient parfois circuler et se répandre dans l'université comme la peste - les on-dits, un article dans le journal que personne ne semble avoir écrit, un message officiel de la radio que personne ne semble avoir prononcé. Le personnel a évidemment enlevé la boîte.

Une fois.
Deux fois.
Trois fois.

Mais elle revient toujours.
Et personne ne sait comment.
Et personne ne sait pourquoi.

Et vous,
Entendrez-vous la Fouine, où irez-vous lui susurrer vos opinions ?