Tu regardes la porte d'entrée.
Toujours si familière et à la fois étrangère depuis que tu as emménagé. C'est toujours si bizarre d'ouvrir la porte et que Binna ne soit pas là pour t'accueillir avec des étoiles dans les yeux.
(Mais sûrement que c'est pour le mieux.)
Alors tu finis par faire un signe à la silhouette derrière toi quand tu as fini de faire tourner les clefs dans la serrure pour vous laisser entrer. Tu jettes ton sac dans l'entrée sans la moindre retenue, alors que ton pantalon est encore criblé de tâches de peinture à l'huile que tu sais maintenant presque increvables, mais ta garde robe survit. Un an que tu es là, un an que tes vêtements en souffre.
Un an que tu gardes tes secrets enfermés dans la salle en dessous, dans le petit sous-sol de ton appartement; Mais ce soir ce n'est pas la question qui pèse.

Fais comme chez toi.

Comme si c'était la première fois qu'il venait.
Et certainement pas comme si c'était la dernière.
Tu le laisses prendre ses aises alors que tu rajustes ton sweatshirt un peu trop petit depuis la dernière machine dont tu as foiré les réglages, juste pas assez pour qu'on s'en rende compte. De toute façon, avec ta taille, la majorité des vêtements ont l'air petit pour commencer.
Tu t'avances dans le salon, sac plastique gardé en main pour le poser sur la table basse. Le deuxième trouve place sur le canapé avec toi, et ta main libre vient trouver la télécommande pour briser le silence de la pièce avec de la musique en bruit de fond. Quelque chose de russe qui crie fort, qui te fait vaguement hocher la tête avec approbation alors que tu entrouvres les sacs.

Je sais pas pour les snacks, mais on a peut-être abusé sur l'alcool, non ?

Et tu laisses tes grandes jambes se croiser sur le canapé en lui faisant signe de s'installer avec toi.
Que la soirée commence.
Pour le meilleur ou le pire.