Facts
(musique)
fumeur chronique + mais jamais quand il peint ou dans les ateliers, pour ne pas jaunir les toiles + s'il a pas une clope au bec c'est une sucette + ravi d'enfin pouvoir boire sans avoir à se cacher + par contre il tient pas très bien l'alcool + la première vraie cuite a été une violente réalisation + c'est pas ça qui l'empêche de recommencer + yeux très sombres - on les penserait presque noirs, mais si on fait vraiment attention on peut y décerner une teinte bleutée mêlée au gris + parsemé de grains de beauté + les plus évidents sont au dessus de son arcade & à la naissance de son cou + cheveux naturellement wavy, presque un peu bouclés, noirs comme la suie + a des manières délicates + a des jolies mains - le genre aux doigts longs & fins, pas trop osseux mais aux phalanges délicatement démarquées + porte des bagues + propre sur lui + porte des masques dès qu'il sort + toujours une montre au poignet + oreilles percées + garde robe majoritairement noire mais toujours chic + la silhouette en sablier + les écouteurs greffés aux oreilles à un volume indécent + grand consommateur de jeux de rythme + et de jeux avec de la collecte - typiquement, il a 100% breath of the wild au moins cinquante fois et il continuera à recommencer jusqu'à ce que la console explose + également friand de jeux d'enquêtes, mais particulièrement picky + il déteste notamment les jeux qui essayent de vendre des plot-twists cheap en te cachant des informations alors que ça brise la règle numéro un du genre policier, bande d'amateurs + friand de lecture occidentale + trilingue anglais et japonais mais comme il aime pas le chiffre trois et qu'on lui disait en plus que c'était déjà bien à son âge il a décidé que c'était pas assez du coup il s'est mis au chinois, out of pure spite + aime pas le café, même noyé avec du lait et du sucre + adore le sirop de citron et le lait à la fraise + briseur de cœurs et spécialiste des relations (très) (trop) éphémères + son record c'est trente minutes avant de larguer + maître de la poker face, mais encore plus des émotions - il a raté une carrière d'acteur ou dans le théâtre, vraiment + déteste les sudoku avec passion + ou juste tout ce qui a des chiffres et des nombres vraiment - vous le bernerez pas en tentant d'y mêler des lettres ok c'est de la sorcellerie on a brûlé des gens pour moins que ça, manants + n'étudie pas le mannequinat mais on l'a scout de (trop) nombreuses fois, que ça soit à la SAU ou avant + il accepte parfois d'aider certains étudiants qui veulent travailler avec lui... en échanges d'une récompense ou d'un compromis.





Caractère
Un mot: i r r i t a n t.
Jihoo est insupportable. Frustrant. Agaçant. Outrepassés les mots, dont il se fait avare et peu doucereux, il est emmerdant. Le regard observateur - qui juge. N'allez pas croire qu'il méprise. Les gens n'en valent pas la peine, ça serait une perte d'énergie. Non, pire encore, c'est l'indifférence qui l'étreint. Comme si le monde entier n'était que des inconnus inintéressants sur la plateforme où il attend son train. Des figures troubles et sans intérêts qui ne valent même pas la peine d'être regardées - ça tombe bien, avec sa hauteur il surplombe et la vue est dégagée. La nature est bien faite, il n'a pas à s'accomoder des insectes dans son champ de vision - tout est sûrement fait pour une raison. Et c'est si tentant - de le reprendre, de le pointer du doigt, de se foutre de sa gueule quand il se couvre de ridicule et d'échec ! Mais tout le problème est là - c'est que ça n'arrive pas.

Jihoo est bon.
Dans tout ce qu'il fait, dans tout ce qu'il entreprend, dans tout ce qu'il découvre. L'inconnu ne l'effraie pas - il s'en éprend et il apprend. L'erreur existe - elle existera toujours. Bénigne, puis rapidement corrigée pour être complètement effacée et tout semble fluide et découler de lui comme si rien ne pouvait réellement lui échapper. Comme si rien n'était jamais réellement compliqué. Et c'est terrible, vraiment - parce qu'il n'y a rien à reprendre et reprocher et qu'il le sait. Même les défauts qu'on vient lui pointer il les porte sans en rougir. Son égoïsme le porte sur le chemin qu'il se trace de sa propre personne. Ses caprices reflètent ses envies conscientes. Ses paroles blessantes sont une franchise qui dérange. Sa froideur et son indifférence ne sont que l'étendue de son calme et de son sang-froid. C'est l'humanité qui le caractérise dans le pire et le meilleur et il ne voit pas pourquoi il devrait en avoir peur. Personne n'est parfait. Lui le premier. Et il le sait.

Car après tout, Jihoo est bon.
Mais bon, ce n'est pas excellent. Il n'est pas un prodige ou un génie, il n'est qu'un touche-à-tout méticuleux et consciencieux. Capable de faire ses preuves à un niveau respectable sans pourtant finir le plus haut sur le podium. Jihoo est doué, mais il n'est pas premier et il ne le sera jamais. Mais tout savoir est pouvoir, alors il prend tout et dévore. Tout ce qui vient capter son attention.

Tout ce qui devient une obsession.

On le dit volage dans ses intérêts - changeant et indécis quand le jugement étouffe ou curieux et entreprenant quand les compliments étranglent. On met son manque d'excellence sur son incapacité à se contenter d'une seule activité. Il acquiesce, d'un sourire poli - peut-être que c'est vrai. Peut-être que s'il se dédiait corps et âme à un seul domaine, il finirait par percer les cieux et décrocher les astres. Mais il s'en sait incapable - oh, il est bon Jihoo, mais sa motivation n'est qu'un moteur qui pétarde quand il met les gaz et qui explose seulement pour retomber dans le silence.

Une curiosité anodine.
Un accident, un hasard prenant.
Et la boucle se lance, enivrante.

Les prémices sont toujours les mêmes et la chanson il la connaît par coeur, en connaît chaque note et chaque dérapage. Le besoin étouffant de racler chaque connaissance jusqu'à ce qu'il n'en reste pas miette. Ce n'est plus une passion c'est un démon. Toujours le même. Il se perche sur son épaule et souffle sa raison - plus qu'une seule activité en tête, qu'un seul sujet, qu'un seul mot qui le fait vibrer. Il en oublie le reste. Les autres. Lui-même. Plus rien ne compte. Et il ne compte plus. Et l'apothéose arrive sans prévenir ; la chute toujours si raide et abrupte. Du jour au lendemain.

Ca ne lui fait plus rien.
Le vide revient.
Il retourne dans son monotone quotidien.
Finit par relever les yeux.
Curieux.
Son démon reprenant sa chanson.
Comme une sirène guidant un marin malheureux.
Jihoo est bon.

Mais il n'est pas triste, vraiment.
Enfin, parfois, si. Il est surprenant Jihoo. On le pense enfermé dans sa froideur et dans ses habitudes et puis on le croise dans la rue et on se rend compte qu'à défaut de sourire et rire et bien il semble savoir vivre. Il a la voix qui se perd dans des fluctuations douces et avenantes ou irritées et puis même parfois un peu d'humour finit par s'y glisser. On se dit qu'il n'aime pas le contact et pourtant il laisse les gens venir caresser sa peau - chercher les lèvres et finir dans les draps au milieu des murmures et des brisures, dans un éclat de vulnérabilité humaine qu'on n'irait pas lui deviner.

Frustrant, toujours.
Parce qu'en plus d'être bon il est vivant.
Il profite, il s'amuse, il expérimente.
Et au fond, on se dit qu'il est normal.
Comme vous, comme moi, comme lui, comme ça.
Et c'est ça le plus drôle - parce qu'il est bon, Jihoo.
Mais pour vous faire penser ça il est excellent.
C'est bien là son seul réel talent.

Apaiser les vagues et le remous pour apercevoir la marée sans laisser penser qu'on peut s'y noyer. Oh il est doué, Jihoo, c'est incontestable et avéré quand il s'agit de feindre la normalité. De se glisser dans la foule pour ne plus s'en démarquer ; supérieur sans pour autant briller. Compenser la noirceur avec juste assez de lumière pour s'effacer.

Parce qu'il est sombre, Jihoo.
Il a le coeur tordu et les travers difformes.
Quelque chose au fond de lui de déréglé.
C'est comme si on l'avait vidé de tout et qu'il fallait qu'il absorbe le monde pour se compléter. Alors il bouffe, Jihoo. Il observe. Avide de trouver quoi satisfaire le vide qui le creuse ne serait-ce que pour un temps, à en reconstruire sa vie autour sans personne pour le remarquer.

A toujours s'adapter.
Le plus grand des caméléons.
Lucide, pourtant - ça n'est que passager.
C'est toujours passager.
Le temps passe, les saisons changent et son obsession s'efface.
Deux semaines. Quatre mois. Trois jours.
Cinq jours.
Une semaine.
Cinq mois.
(Pourquoi tu ne pars pas ?)
Il suit encore du regard.
Observe - encore, toujours.
Le reflet du soleil sur le blond décoloré.
Chaque dent qui dessine un sourire qu'il aperçoit par hasard.
(Ca finira par passer tôt ou tard.)
Mais il est là, Jihoo et il continue d'être bon.
Et toi tu es là. Tu ne sais même pas qu'il existe.
Mais il est là.
Au détour d'un couloir.
Au détour d'une conversation.
Au détour de ta rue.
Au détour de la chanson que tu écoutes dont il a appris le nom.
Au détour de ta vie.
Le matin, le midi, au coeur de la nuit.
(Et peut-être que cette fois, c'est le bon.)
Peut-être qu'il a enfin trouvé de quoi tarir son démon.

Il ne lui reste plus qu'à apprendre - encore, toujours.
(Quel peut bien être ton nom ?)



Histoire
Qu'est-ce qu'il est beau, Jihoo.
On le lui a souvent dit. Les cils longs et épais. Le visage parfaitement symétrique sans rien retoucher. Les cheveux doux. On dirait une statue. Un faux. L'idéal de l'esthétisme. Il a ce quelque chose d'inexplicable. Semble combler ce que l'on reproche à la moitié de la population sans savoir le raisonner. Personne ne peut être si parfait !

C'est vrai.
C'est sûrement parce qu'il a faillit s'appeler Tom, Jihoo.
Et plus que tous les défauts de sa personnalité, c'est la pire tare qu'il puisse porter. Celle d'un père à moitié américain venu dans un pays pour quelques temps simplement pour s'amuser. Qui s'est mis en tête de jouer avec les locales parce qu'elles sont mignonnes et faciles à avoir avec son charme. Qu'il en a eu plein. Mais surtout une. Dommage qu'elle soit tombée enceinte. Parce qu'il comptait pas rester. Il l'a pas fait, d'ailleurs.

Oh, ce qu'elle le déteste, sa mère.
Et lui qui porte le même soupçon de bleu au fond de ses yeux, les mêmes constellations sur sa peau, la même mâchoire un peu plus marquée, elle le déteste tout autant. Mais lui, il est à sa portée. C'est toujours plus facile de rejeter la faute sur un enfant qu'un père absent.

Il a eu l'enfance rude, Jihoo.
Il en a pas l'impression pourtant.
C'était un gamin désespéré (tout le monde le regardait) tout le monde lui disait à quel point ce bel enfant aurait un bel avenir. Pourtant la seule dont il voulait réellement l'attention ne lui accordait pas un seul regard. Ou seulement pour hurler. Seulement pour le faire s'asseoir au fond de l'armoire et l'y enfermer. C'était toujours mieux que d'avoir à voir son visage et se rappeler.

A défaut de pouvoir (l')oublier.

Il se sait beau, Jihoo.
Ca veut pas pour autant dire qu'il trouve être une belle personne. Il a grandit avec un creux dans la poitrine que personne semblait pouvoir ou vouloir combler. Il a passé longtemps à regarder ses pieds et pleurer. A rester sur le côté en pensant ne pas être assez. A entendre qu'il était beau, mais qu'il était une erreur et qu'elle se porterait mieux sans lui. A être caché de colère et de honte, personnifiant le regret de toute une vie effondrée par la faute d'un enfoiré. Et il était le boulet qu'elle ne pouvait plus retirer.

Mais personne se souvient de tout ça.
(Seulement lui. On oublie jamais vraiment ce qui nous a construit.) Parce que le temps passe et les choses changent, les choses s'arrangent. (Pas vraiment, il se sent toujours aussi vide qu'avant. Rien ne l'intéresse assez longtemps. Il est si jeune et pourtant il a l'impression d'être un mort-vivant.) Sa mère s'est remise à sourire, elle a trouvé l'amour. Un mec bien, un mec charmant. Un mec présent. Un gars au sourire gentil qui a posé sa main sur sa petite tête brune avec douceur. Qui l'a fait sortir de l'armoire plusieurs fois. Qui passait un peu de temps avec lui quand sa mère regardait pas. Qui reconnaissait son existence.

Il l'aime bien, lui, Jihoo.
Il a pas fallu très longtemps pour qu'il l'appelle Papa.
Il a pas fallu longtemps pour qu'il le soit. D'un deuxième enfant. D'une petite fille. Et il a eu un pincement au cœur, Jihoo. Un truc noir dans sa poitrine. Parce que sa mère avait l'air si heureuse en la regardant. Si fière. Si aimante. Jamais elle avait posé un regard du genre sur lui. Jamais elle le fera. La différence était aussi simple que ça. Il avait un peu peur, Jihoo. Il se demandait s'il pourrait être un bon grand-frère malgré tout ça.

Il semblait pas foutu d'être un bon fils, après tout.
Ca semblait compromis.

Le doute s'est envolé à la seconde où elle a prononcé son nom. Où elle a pris sa main. Où elle s'est rattrapée à son pantalon pour pas tomber quand elle apprenait à marcher. Il a compris très vite qu'il donnerait sa vie pour sa petite-soeur. Qu'il pourrait la lui dédier sans hésiter.

C'est ce qu'il a fait.
Pendant longtemps.
La seule pensée qui le faisait carburer.

La voir sourire, la voir vivre, la voir grandir.
Elle brille, Binna. Comme son nom le veut.
Elle rend tout le monde heureux.
Ca le fascine, Jihoo.

(Peut-être un peu trop.)

Peut-être qu'il s'accroche trop à elle. Qu'il la garde un peu trop jalousement. Qu'il en parle trop. Qu'il y pense trop. Qu'il la fait trop passer avant le reste. Avant les autres. Il en pensait rien, au début. Il suivait simplement ce qui semblait arriver à peser dans sa poitrine sans s'envoler. Ce qui semblait enfin le combler. Il avait peur qu'on le lui prenne, aussi. Alors il fallait défendre son trésor.

(On a fini par lui dire.)

Qu'il était bizarre. Pot-de-colle. Qu'il la laisse respirer, qu'il la laisse exister. Qu'il se trouve des occupations et des amis. Qu'il apprenne à marcher. C'était lui l'aîné, après tout. Il devait montrer l'exemple. C'est marrant de lui dire ça sans savoir qu'à chaque fois qu'il a tenté d'apprendre petit, on le taclait. Et maintenant qu'il a trouvé sa béquille, on lui dit de courir de lui-même. De s'envoler.

Mais il a fini par apprendre sa leçon, Jihoo.
Parce que le temps passe et les gens changent.
Et Binna, elle aussi elle a commencé à devenir grande.
Elle avait plus besoin d'un frère surprotecteur. Elle avait besoin de son espace pour un monde si grand qu'elle était prête à découvrir, seulement pour retomber dans la sécurité de ses bras quand il lui fallait quelqu'un pour pleurer ou l'écouter. Car il était là, Jihoo. Il était toujours là. Au courant de tout. Il semblait la comprendre parfaitement. La connaître mieux encore que leurs parents. Elle a profité en abondance de sa dévotion. Cette obsession qui le bouffait. Une qu'elle ne pourrait jamais rendre.

Parce qu'elle était normale Binna.
La différence est toujours aussi simple que ça.

C'est pas comme s'il lui en tenait rigueur.
Il a fini par comprendre, Jihoo. Que c'était lui qui avait un problème. Que c'était lui qui était bizarre. Alors il a appris à arrondir les angles. A cacher les tares. A adoucir les mots. A dissimuler. A s'adapter. A atrophier son coeur qui avait enfin appris à respirer. A lui sauter dessus à pieds joints pour ne plus l'écouter. Renier qu'il ait jamais pu ne serait-ce qu'exister. Changer l'objet de son attention d'une personne à des passions. Toutes plus éphémères les unes que les autres.

Un jour il a commencé à dessiner.
Puis à peindre. Il s'est dit qu'il allait arrêter.
Ca l'a éclaté un temps avant de s'amenuir. Comme le reste. Il était doué pourtant. Comme pour le reste. Mais Binna lui a dit qu'elle aimait ses peintures. Lui a dit qu'elle aimait ce qu'il faisait. Alors il a continué. Elle a dit qu'elle aimerait bien les voir exposées. Il a décidé qu'il en ferait son métier. Toujours aussi faible qu'avant. Toujours aussi simplet qu'un enfant. Le coeur qu'il tente d'enterrer qui s'obstine il semblerait. C'est agaçant.

Il se voyait pareil dans dix ans, Jihoo.
Avec une vie semblant parfaitement stable. Comme maintenant. Peut-être casé dans un marriage où il ferait semblant. Pour faire bonne figure. Une personne qui aurait écopé de son intérêt un temps. Dont il cacherait les profondeurs de son coeur. Histoire que ses parents soient fiers. Histoire que sa soeur lui dise qu'elle espère qu'il sera heureux. Il aurait un enfant, comme on l'attend. Continuera la tradition. Réparera les erreurs que son père a fait. Peut-être que sa mère admettra enfin qu'ils sont différents (non, ça n'arrivera jamais) après tout elle continue de le détester. Pas de raison que ça puisse changer. Il aura une belle carrière. Avec un beau visage. En attendant il saute de copine en copine parce qu'il arrive pas à leur trouver plus d'intérêt qu'une feuille de papier '(ou si peu longtemps, c'est une corvée) il préfère s'amuser sans s'attacher. Il ira à la fac. Il aura des bonnes notes. Une scolarité sans trop de bosses. Sérieuse et camouflée pour cacher ses tendances à sauter d'un lit à un autre et ses envies qu'il sait parfaitement contrôler. Parfaitement cacher. Il s'y voyait. Un livre déjà écrit sans grand intérêt.

Et t'as tout fait foirer.
C'était les portes ouvertes. Il s'est dit qu'il y ferait un tour par maigre curiosité. Pour pas se perdre le premier jour de cours, s'il décidait de venir ici. C'était loin de ses parents. C'était loin de Binna. C'était pour ça qu'il l'avait choisie. Mais il hésitait, toujours. Ce genre de choses. Il visitait les ateliers. Il a vu tes peintures. Il a senti son coeur s'arrêter.
(Ou se lancer. C'est dur à dire.)
Fasciné par ce que tu pouvais montrer. Ce que tu pouvais partager. Ce que tu représentais. Seulement pour t'apercevoir de loin, après. C'était pas très compliqué. Et puis le voilà. Incapable de détourner les yeux de ton sourire. Ton rire une sonorité si douce qu'elle semble être la première musique qu'il ait pu jamais vraiment écouter.

Il a trouvé l'administration.
Il a demandé quand ouvrait les inscriptions.
Sa première année s'est passée sans trop d'accrocs. Sans trop d'attaches. Sans trop de vagues. Seulement celles invisibles qu'il sait cacher. A penser à toi. Toujours à toi. Beaucoup trop. Il en aurait presque oublié Binna, qui est fâchée tu sais. De son attention soudainement plus maigre. Plus maîtrisée. Presque normale. Elle n'y est pas habituée. Il lui a dit que c'était ça, de devenir grand. Qu'on apprenait à laisser partir les gens qu'on aimait pour les laisser respirer.

Il a omis de dire, Jihoo.
Que c'était qu'une seule possibilité.
Qu'on pouvait aussi apprendre à le cacher.
Mais il est beau, Jihoo. Quand il sourit on pardonne.
Mais il est bon, Jihoo. Pas assez stupide pour briser ses secrets.
Alors il vit, Jihoo. Tapi dans ton ombre. Tapi dans ta vie.
Et il se demande à quel point tu vas abîmer le livre qu'il pensait avoir écrit. Est-ce que tu vas n'être qu'une parenthèse ? Est-ce que tu vas en être l'antagoniste ? Est-ce que tu viendras brûler ses pages ? Qui sait. Pas lui. Il n'est pas devin. Il n'est qu'humain.

Et aucun humain n'est parfait.
Lui le premier.
Et il le sait.

(Car monstre, on le devient
Mais bâtard on le naît)

A jamais un chien.