Comme d’habitude, Eunha prend sa pause café dès qu’elle a un peu de temps libre dans sa journée de médecin scolaire, parfois mouvementée, des fois non. C’est une habitude qu’elle a déjà plusieurs années, bien avant d’avoir été recrutée ici à l’université, quand elle-même était encore étudiante. Une petite routine qui s’est installée sans qu’elle ne s’en rende vraiment compte, peut-être pour paraitre plus humaine aux yeux des autres aux alentours. Après tout, Eunha n’aime pas du tout le goût que peut avoir le café sur sa langue, mais l’odeur reste agréable. Puis, cela lui donne la légère impression d’avoir quelque chose en plus dans le ventre, de différent du sang dont elle est tant habituée, quelque chose qui permet de la garder un peu plus éveillée pour le reste de la journée.

C’est comme ça qu’on la retrouve à chaque fois auprès de la machine à café dans le bâtiment réservé à l’administration, là où se trouve le secrétariat, la salle des professeurs, mais surtout son infirmerie. Pour le moment, elle est seule et elle attend patiemment que son café se verse dans son mug personnel. Le café de ce distributeur est très loin d’être excellent, mais pour le prix et comme elle n’aime de toute façon pas le goût peu importe la qualité du grain, elle s’en fiche. Après quelques secondes, elle entend des pas se rapprocher d’elle, que le ronronnement de la machine ne parvient pas à étouffer. Ses yeux se posent alors sur la personne qui vient à son encontre, Min Gwangsu, impossible à oublier. Elle lui adresse directement un sourire en réponse au sien, énigmatique. Elle récupère son mug par automatisme d’une main libre et s’écarte d’un pas en arrière pour laisser la place au professeur. Puis, elle le salue d’un petit hochement de tête.

« Bonjour, Monsieur Min. »

Cela fait quelques temps qu’elle connaît l’homme personnellement, mais elle ne s’est jamais résolue à l’appeler autrement. Plus qu’un professeur parmi tant d’autres dans l’université, c’est aussi le leader de Hyeol, le supérieur hiérarchique d’Eunha en somme. Et même si le groupuscule n’est pas quelque chose dont Eunha porte beaucoup d’importance aujourd’hui, elle garde tout de même beaucoup de respect envers l’homme maintenant à ses côtés. Seulement, Eunha reste comme elle est et elle ne peut s’empêcher d’être familière avec son entourage proche et même si elle a eu quelques secondes de surprise en le voyant arriver aujourd’hui ici, elle se sent obligée d’exprimer le fond de sa pensée.

« Je vois qu’on n’a plus de stock de café dans son bureau... Est-ce que c’est le cas aussi pour le fameux jus de tomate comme les étudiants ici aiment le nommer ? »

Gwangsu ne peut pas ignorer le fait qu’Eunha possède des réserves de sang dans son infirmerie, mais elle ne se souvient pas en avoir donné au professeur jusqu’à maintenant. Rien n’est définitif de toute façon, il lui suffisait de demander pour qu’Eunha lui apporte bien gentiment ce qu’il pourrait lui demander. Qui sait, peut-être que le leader de Hyeol était friand du sang humain, ce serait un beau secret qu’Eunha se garderait de le dire à qui que ce soit. Elle le fixe sans dire un mot, portant sa tasse à ses lèvres pour prendre une première gorgée brûlante. En attendant, Gwangsu se retourne vers elle quand il a fait son choix pour demander comment elle va.

« Je vais bien, la journée est plutôt tranquille. Et vous ? Quelque chose vous a troublé pour que vous soyez obligé de donner une petite pièce à la machine ? »

C’est qu’elle est curieuse, Eunha. Gwangsu est un homme mystérieux, elle ne connaît pas grand chose de lui, pas plus qu’il ne laisse transparaître, autant en tant que professeur que leader de Hyeol. Elle ne force pas les réponses, Eunha est patiente, mais elle n’abandonne jamais.