Il rêve d’un café et d’une aspirine. Tout autour de lui dans les ateliers, ça ne fait que jaser et comment leur reprocher ? Pour les non-initiés, ça a tout l’air de la dernière légende urbaine à raconter aux nouveaux pendant leur bizutage ou à ses potes déjà un peu imbibés en soirée. Mais pour Hanbyeol, la Fouine n’a rien d’une blague et tout d'une réalité qu'il commence à peine, à contrecœur, à accepter.

Ce sont les vampires.
Ils se fondent dans la masse. Ils sont la masse, et nous nous fondons dedans dans la plus grande ignorance. Mais il est temps de réagir !

Il secoue la tête avec un soupir contrarié. Son patron ne va sûrement pas finir de se dessiner tout seul mais impossible de se concentrer dans ces conditions - il a les pensées bruyantes et qui tournent en rond, de celles qu'on essaye d'oublier alors qu'on n'entend et voit que des choses qui nous les font rappeler. Il s'en demanderait presque si, inconsciemment, son corps n'essayerait pas de forcer l'esprit à s'y attarder dans un instinct de survie un peu déplacé.

Tant pis pour son patron, voilà - il le finira ailleurs une autre fois, le range dans la pochette dédiée pour se lever. S'il se hasardait à rester, il est à peu près sûr qu'il en viendrait à leur crier à tous de la fermer et bon, on aura vu plus discret pour quelqu'un qui a quelque chose à cacher. Un étirement et un nouveau soupir plus tard, il émerge dans le parc de l'université, plissant des yeux sous le soleil radieux (ça aussi encore une chose à laquelle il doit se réhabituer). C'est en se cherchant un coin plus abrité qu'il aperçoit une tête blonde familière et se décide à l'approcher pour le saluer.

Il ne saurait pas dire si les choses ont vraiment changé, avec Sören. Bien sûr, immédiatement, son odeur le prend au nez à la bouche à la gorge et il en manque de s'arrêter net - il était préparé, et pourtant et pourtant et pourtant. Ça pourrait être lui, le prochain qu'on va retrouver par terre dans un couloir, le cou visiblement saigné mais Hanbyeol n'a jamais su s'empêcher de chercher les autres, chercher leur compagnie, chercher son amitié. Malgré tout, Sören est là et malgré tout le danger qu'il pourrait lui représenter, il lui sourit dans toute l'avidité innocente des âmes esseulées.

salut. elle est éclatée ta fleur par contre. Pour lui le nuage pointé du doigt ressemble peut-être vite fait aux chaussettes abandonnées qu'on voit traîner dans les couloirs des dortoirs. mais ouais, j'étais dans les ateliers là, les gens font que parler de la même chose. tu sais, la fouine. ça m'a soûlé donc jsuis parti.

Il pose ses affaires sur l'herbe sans oser le regarder même si son ton reste léger, une tentative de le sonder l'air de rien. Savoir s'il sait, s'il se doute, car s'il n'aime pas devoir lui mentir, la peur d'être découvert le force à au moins couvrir ses arrières.

Peut-être qu'il n'aurait pas dû amener le sujet, laisser faner sa curiosité en s'écartant de ce qui est pour lui un champ miné. A jouer avec le feu, ce n'est pas forcément lui qui s'y brûle et quand il voit Sören marquer un temps, un tout petit, un différent de d'habitude, il se dit que peut-être qu'il aurait vraiment dû la fermer. Une pensée qui se dissipe quand son ami revient finalement à son terrain de prédilection (l'art, toujours) et le fait sourire un peu.

t'as jamais vu de films de vampires ? les gens avec 2 ptits trous dans le cou et tout ça fait partie du package et tout. Et il ne peut pas vraiment critiquer, dire que c'est inhumain ou aberrant - la soif, la vraie, il se doute bien que n'importe qui est capable d'y succomber, pour peu que l'on soit suffisamment dans l'ignorance ou le déni pour ne pas se procurer de poches de sang. Ou peut-être, pense-t-il amèrement, que c'est bien lui qui est suffisamment inhumain et aberrant pour accepter l'idée si facilement à présent. tu penses que c'est un projet d'affichage ou une installation toi ?

C'était une idée séduisante, que ce soit du pipeau, que ce soit juste pour de faux. c'est chelou comme idée mais bon, c'est une école d'art. les rumeurs sont là depuis un moment après. Il lève enfin les yeux vers lui, un peu enhardi par l'ignorance apparente du blond et l'audace un peu stupide de ceux qui pensent toujours pouvoir improviser et s'en tirer. tu les as jamais entendues ? comme quoi les gens qui boivent du jus de tomates c'est pas juste parce que c'est healthy et à la mode mais c'est du sang qu'ils boivent en vrai et qu'ils peuvent pas aller au soleil sans crâmer sec.