Vous refusiez d'y croire. Il y a encore quelques semaines, vous participiez avec insouciance aux festivités de la rentrée. Entre vos cours d'histoire du cinéma et les premiers tournages, vous avez rencontré cette personne qui a su vous envouter par ses paroles mielleuses. Puis elle vous a changé. Vous avez bu quelques gorgées et la soif est devenue insoutenable jusqu'à ce que vos mains soient souillées de sang. Non, vous n'êtes plus humain. (suite)
fondatrice
absente
Boyeong
administrateur
présent
Ilyeon
administrateur
présent
Gwangsu
EVENT EN COURS
Le deal à ne pas rater :
Console Nintendo Switch Lite édition Hyrule : où la précommander ?
Voir le deal

word of advice ﹢ gwangsu
 :: Seoul Art University :: Administration Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas
Dmytro
Dmytro
Dmytro
Dmytro
Occupation : étudiant 3e année - cinéma (spé réalisation - scénario)
Dmytro
Logement : dortoirs
Dmytro
Présentation : +++
Dmytro
Relations : +++
Dmytro
Messages : 67
Dmytro
Date d'inscription : 19/01/2022
word of advice

Il était encore tôt, la matinée paresseusement entamée s’infiltrait doucement à travers les rangées de fenêtres. Dmytro se mouvait dans les dédales du pavillon administratif. Il fallait avouer que ce n’était pas l’endroit où il passait le plus clair de son temps, et il avait encore de la difficulté à trouver ses repères dans les corridors qui se ressemblaient tous, les rangées de bureaux des professeurs qui lui semblaient toutes identiques. Sans compter que cela faisait à peine quelques mois seulement que ses itinéraires étaient redevenus un peu plus variés que salle de cours - dortoir - infirmerie -dortoir - salle de cours et répéter etc etc.

S’il se trouvait là ce matin précisément, c’est qu’il voulait rencontre son prof de scénarisation, et Dmytro s’était dit que s’il se pointait au début de ses heures de bureau, ses chances de le trouver disponible et avec quelques minutes à lui consacrer étaient sûrement plus élevées, avant que les premiers cours de l'avant-midi s'achèvent et que les autres élèves viennent faire un tour.

Il sortit son téléphone de sa poche pour vérifier à nouveau qu’il avait le bon numéro de bureau, puis quelques corridors longés et coins tournés plus tard, il se trouve devant la porte correspondant, ornée d’une plaque indiquant Min Gwangsu.

Il retira ses lunettes, avant de les plier et de les accrocher à la taille de son pantalon, un vague effort pour faire bonne figure. Ce faisant, les cernes sous ses yeux se font immédiatement plus visibles, foncées et creusées par l’inquiétude et le sommeil perdu. Il cogna trois coups  à la porte et attendit.

Monsieur Min, c’était le prof dont on entendait parler dès son premier jour au département de cinéma, si on ne le connaissait pas déjà auparavant pour son oeuvre. Les anecdotes qui fusent, en bien et en mal, qui vous pompent l’anxiété dans les veines avant même d’avoir mis les pieds dans sa classe. Le genre de prof polarisant, on l’adore ou on le déteste, et impossible de l’ignorer.

La porte s’ouvre sur l’élégante silhouette de Min.

Bonjour Monsieur. Je me demandais, eum, j’ai ce projet personnel sur lequel j’bosse, et j’aurais bien voulu avoir votre avis dessus, si vous avez le temps…

Et il était aisé de savoir dans quelle catégorie Dmytro se trouvait. De base il admirait beaucoup son oeuvre, des scénarios vrais, sensibles, qui venaient particulièrement le chercher ces derniers temps. Pas comme ces films à gros budgets qui se trouvaient totalement insipides et vides de sens qui l’horripilaient. Puis il appréciait sa franchise tout particulièrement. Si au début, il s’aventurait surtout à poser quelques questions vite fait à la fin des cours sans trop s’attarder, au fil des semaines les conversations s’étiraient un peu plus.

Je l’ai juste ici, si jamais. Il retira son sac de son dos, fouilla à l’intérieur pour en récupérer un cahier et l’extirper. Il préférait toujours coucher ses idées sur papier en premier lieu. C’était pas le plus grand de la technologie, et il était encore un peu rétro, un peu prétentieux aussi.

Dans une tentative de mieux conceptualiser tout ce qui lui arrivait dernièrement, il s’était replongé dans l’écriture plus que jamais. Des trucs qui parlent de nature humaine. D’aliénation famélique et de soif insatiable. Du déni et de l’acceptance. Des thèmes qu’il a un peu trop ressassé dans son esprit, et il avait besoin d’un point de vue extérieur pour démêler ce qui passait et ce qu’il valait mieux garder dans les brouillons. Puis, bien au fond de lui, il recherchait l’approbation, une validation qu’il faisait pas complètement de la merde, que y’avait du potentiel.

Cahier toujours serré dans sa main, et son sac replacé sur une épaule, encore ouvert, il se tenait là nerveusement, dans l’attente d’un signe de son professeur. Ses doigts pianotaient distraitement contre la couverture de son carnet. Après tout, c’était toujours un peu éprouvant de partager ce genre de chose, alors s’il laissait quelqu’un d’autre se pencher là-dessus, ce serait la crème de la crème ou bien rien.

@GWANGSU / BUREAU DE GWANGSU

Winter





Dmytro
Ven 11 Fév - 10:31
Gwangsu
Gwangsu
Gwangsu
Gwangsu
Occupation : prof de scénarisation & leader de hyeol
Gwangsu
Logement : gangnam
Gwangsu
Présentation : as bad can be
Gwangsu
Relations : untamable
Gwangsu
Messages : 63
Gwangsu
Date d'inscription : 19/11/2021
Son bureau est un peu sa maison.
Il n'y passe pas toute sa vie, loin d'être l'un de ces acharnés du boulot sans balance ou équilibre, mais il y passe un nombre d'heures conséquent malgré tout. Alors, comme tout endroit où l'on passe du temps, il l'avait aménagé à ses aises. Rien de mirobolant ou fantasque, contre toute attente. Quelques plantes ici et là. Une machine à café, histoire de ne pas avoir à courir à la machine à chaque fois - d'autant plus que celui de la machine est absolument immonde. Et puis l'indispensable pour travailler et corriger ce que ses étudiants lui apportent et ce que lui doit leur donner.
Un minimum, vraiment.

Aujourd'hui encore, il savoure son café.
Incapable de vivre sans, assurément, et comme pour tout le reste il refuse de boire ce qui est médiocre. L'idéal serait de pouvoir, en plus, profiter d'une cigarette... Maudit soit le ban sur la consommation de tabac dans les lieux publics. Plus encore que cacher la nature de vampire peut-être que cette loi lui tapait sur le système excessivement. Pas qu'il ne comprenne pas d'où ça vient, mais ça l'emmerdait. Après, peut-être qu'il a déjà quelque fois esquivé la chose en fumant à sa fenêtre ouverte... Mais la hiérarchie n'a pas besoin de savoir ce genre de choses. Il ne fait rien de bien intéressant - il feuillette les devoirs qu'on lui a rendu, déjà corrigés, vérifiant s'il a fait des fautes. Sait-on jamais. Mais tout semble en ordre.
Bien, c'est ce qu'il préfère.

On frappe à sa porte.
Il redresse la tête, curieux - les visites ne sont pas rares, mais toujours inopinées. Il repose sur son bureau la liasse de papiers avant de se lever. A ses mains reposent comme toujours ses gants préférés et il s'autorise un étirement avant d'être en présence de quiconque. Une seconde pour ajuster son costard - défaire les plis que l'assise peut avoir causé, et il s'avance vers la porte qu'il ouvre. Oh, mais c'est toi. Le jeune Dmytro. Et tu as l'air relativement stressé. Pas qu'il connaisse par coeur tous les visages de ses élèves, mais à force de discuter certains restent gravés dans sa mémoire inévitablement.

Et peut-être aussi qu'il avait une certaine curiosité à ton égard.
Ce n'est pas tous les jours qu'il s'entiche du travail d'un élève.

Certes, ses élèves sont majoritairement pleins de potentiel. Mais il y a toujours une différence entre reconnaître la valeur d'un travail et d'en trouver un qui résonne avec vous. Si c'est toujours à l'état brute, Gwangsu n'avait pas de doute que l'affinement des années polirait ton talent et que tu connaîtrais un chemin similaire au sien dans la sphère cinématographique.

Celui qui a dit qu'on ne jouait pas les favoris était un idiot.
Gwangsu avait clairement des préférés.
Ca ne veut pas dire qu'il note différemment, là est la nuance.

Il t'observe une seconde, te devinant bercé par les doutes et le manque de confiance. Ca, c'est quelque chose qui ne part jamais vraiment. Mais comme pour le reste, le temps endurcit. Il ne manque pourtant pas les cernes qui creusent ton visage - il n'en pense que peu de choses, ça pourrait être dû à de l'acharnement au travail comme à des soirées intempestives. Dur de savoir sans demander. Et il n'était pas là pour ça. Pas encore, en tous cas.
J'ai toujours le temps pour ceux qui veulent progresser. Entrez donc.
Il attrape le carnet délicatement. Un sourire rassurant aux lèvres alors qu'il te laisse pénétrer dans son bureau et fermer la porte derrière vous. Une fois adossé au bureau, il te jette un coup d'oeil.
Voulez-vous un café pendant que je jette un coup d'oeil à votre travail ? Servez vous. A nouveau, l'ombre d'un sourire naît sur son visage. Ne vous inquiétez pas, je ne mords pas. Enfin, pas trop fort en tous cas.
Il savait qu'il avait le commentaire dur, après tout.
Ses yeux se posent sur les lignes dans lesquelles il se plonge avec sérieux et grande curiosité. Et comme il pouvait s'en douter, il y retrouve une grande sensibilité et peut-être même un éclat fragile de délicatesse. Et en même temps, quelque chose de plus surprenant. De plus brut. Des thématiques qui lui sont terriblement familières - à lui et ses semblables. Il en hausse un sourcil. Il n'oserait pas s'avancer... Mais la question naît. Sur ta supposée humanité. Il tourne les pages avec soin, sans un mot et sans se rendre compte de la tension qu'il doit involontairement créer dans l'attente d'un jugement. Mais il est là, en silence, savourant chaque mot. Les minutes défilent. Jusqu'à ce que, finalement, il relève les yeux. S'occupe de la caféine, en prend une gorgée pour lui-même, avant de feuilleter à nouveau les pages rapidement en diagonale sans fermer le cahier.
Eh bien... C'est surprenant.
Son visage ne laisse paraître si c'est bien ou mal.
Jusqu'à ce qu'il ne recommence à sourire, dans ses yeux un éclat d'intérêt particulier.
C'est différent de ce à quoi vous m'avez habitué. Quelle sensibilité. Les questions que vous soulevez sont... pertinentes. Délicates. Controversables, même. Mais elles sont adroitement amenées, avec une sincérité désarmante. Son sourire s'affine. Je dois avouer me sentir personnellement proche de ces questionnements, également. Sans vouloir présomptueusement prétendre que je comprends parfaitement les thèmes, j'aimerais avancer que je me sens... visé.
Aussi subtil que possible.
Sur une nature qui se partage peut-être sans être suspectée. Il finit par clore le cahier, le regardant comme une curiosité avant de te le tendre à nouveau. Rien n'est jamais parfait.
Cependant, je trouve ça très maladroit. Et ça m'étonne un peu, venant de vous. Je vous connais capable de bien plus méthodique et structuré. C'est comme si en y investissant vos émotions vous en avez oublié certaines des règles fondamentales. Si l'on observe ça d'un oeil purement technique, ça ne ferait pas l'unanimité. L'écriture est un exutoire excellent, mais quand il s'agit de travail, peu importe à quel point l'on est investi émotionnellement, si l'on y met pas les formes le message ne suffira pas à faire oublier le problème.
Il finit par se défaire de son bureau pour reprendre place sur son fauteuil. Jambes croisées, mains en appuie sur son genoux, il t'observe. Avec bienveillance, presque.
Vous m'avez l'air fatigué, Dmytro.
Son ton aussi, est avenant.
Je ne veux pas m'avancer, mais peut-être que ces thématiques ne sont pas abordées par hasard. Peut-être tournent-elles un peu trop obstinément dans votre esprit.
Sa main vient attraper son café dont il savoure une nouvelle gorgée.
Auriez-vous besoin d'une oreille aguerrie ? Je ne pourrai égaler le travail de notre cher psychologue, mais peut-être que de parler à une personne tierce vous ferait un peu de bien ? Le choix est vôtre, évidemment.
Après tout, rien ne sert de forcer la main.




Gwangsu
Sam 12 Fév - 17:45
Dmytro
Dmytro
Dmytro
Dmytro
Occupation : étudiant 3e année - cinéma (spé réalisation - scénario)
Dmytro
Logement : dortoirs
Dmytro
Présentation : +++
Dmytro
Relations : +++
Dmytro
Messages : 67
Dmytro
Date d'inscription : 19/01/2022
word of advice

Dmytro était soulagé de l’entendre répondre par l’affirmative. Après tout, il avait dû rassembler une bonne partie de son énergie et de sa motivation pour finalement se décider à aller chercher un avis extérieur, et pas celui de n’importe qui mais celui de quelqu’un qu’il estimait particulièrement. Il hoche la tête et entre à l’intérieur.

Il ne savait pas trop à quoi il s’attendait de l’autre côté de la porte, mais c’était tout à fait banal, un bureau tout ce qu’il y a d’ordinaire, somme toute. Certaines rumeurs étaient vraiment fondées sur du néant il semblerait. Dima referme la porte, et pendant que son prof parcoure les pages, il suit sa suggestion et se sert un verre de café. Ça l’occupe, il sait de toute manière que ça ne sert à rien de guetter la réaction des gens sur leur visage lorsqu’ils lisent. Rien n’y transparaît jamais, les mots ça résonnait dans la tête et dans les entrailles, jamais sur les traits. Il va s’installer en face de lui, les pensées qui détonent à mille à l’heure. Et si c’était vraiment de la merde, mais qu’il était trop privé de sommeil pour s’en rendre compte ? Peut-être que c’était ridicule, fake deep et risible ? Son professeur était bien connu pour ne pas y aller de main morte, et il le savait.
Pourtant, il avait l’habitude d’être plutôt confiant dans ce qu’il écrivait, mais dernièrement, beaucoup de choses avaient changé, et son estime n’était pas épargnée, rongée petit à petit avec le reste.

Finalement, après une éternité ou à peu près, le verdict tombe. Dima ne s’était pas rendu compte avant là qu’il remuait sa jambe avec nervosité, et fit un effort conscient pour s’arrêter. Il acquiesce, réellement content des commentaires reçus. Il accrocha bien par contre aux derniers mots prononcés par le professeur. C’était pourtant tellement spécifique comme sujet, et bien que caché sous une adroite couche de symbolisme et mises en scènes de tout genre, il restait que ce n’était pas exactement une expérience universelle, il ne peut s’empêcher de froncer les sourcils brièvement. Il répond, au final véritablement touché.

Merci pour vos commentaires, j’dois avouer que je ne m’attendais pas à autant… Mais si ça a pu, euhm, résonner avec vous, eh bien…

Un truc inimaginable lui vient en tête. Était-il possible qu’il soit aussi… — Non. Évidemment que non. Quelle idée.
Dmytro n’eut pas le temps de se pencher sur la question plus longtemps, il pressentait que l’envers des beaux mots allait bientôt arriver, la critique l’attendait juste au tournant. Il s’en doutait, au fond, il savait que ça avait été presque bâclé, les mots couchés sur papier avec une urgence fébrile.
Et il appréciait cette honnêteté. Rien qu’il déteste plus que lorsque l’on fait semblant qu’il fait du bon boulot alors que clairement y’a place à l’amélioration. Oui, ça piquait, surtout lorsqu’il avait l’impression de décevoir, mais ça valait la peine, puis ça prouvait que les compliments étaient sincères. C’était bien la raison pour laquelle il avait cogné à cette porte aujourd’hui en premier lieu.

Je- J’essayerai pas de vous contredire, ce serait stupide, vu que vous avez raison, ça c’est sûr. Enfin, ouais j’ai un peu écrit ça n’importe comment, mais il fallait que ça sorte, vous savez ? Bon, mais comme vous dites, ça excuse pas du tout le manque de rigueur… Je vais retravailler là-dessus alors... J’dois dire que je suis soulagé d’entendre que c’est pas complètement à jeter, au moins.

Il ouvre son cahier et note les commentaires. Sincère. Sensible. Controversé?? Manque de structure, manque de forme, lacunes techniques +++.
Alors qu’il continue à griffonner des mots-clés ici et là, il l’entend lui dire qu’il a l’air fatigué. Et c’est le déclic.
C’est comme si le simple fait de l’avoir entendu le rendait soudainement extrêmement conscient de son état, auquel il s’était simplement habitué, presque engourdi, insensible. Brusquement, il sentait ses yeux irrités, la douleur sourde à sa tempe qui présageait certainement un autre mal de tête plus tard, ses muscles qui lui semblaient si lourds, et puis les pensées qui faisaient lentement leur chemin dans sa tête, difficilement. Définitivement, il était fatigué, ça oui. Depuis combien de temps, d’ailleurs ? Il ne savait plus trop. C’était son quotidien maintenant.
Il arrête d’écrire, stylo toujours en main.

Non, euh, ça va, c’est juste—
Ok ouais. J’ai eu une longue semaine… Mois. Plusieurs mois. Je sais plus.


Dmytro ne savait pas trop comment se sentir, du fait que l’homme en face de lui semblait capable de le percevoir jusque dans ses tracas les mieux enfouis. Était-il capable d’extrapoler tout ça à partir du texte ? Peut-être juste incroyablement perspicace.

Au début, il ne voulait pas trop s’avancer dans sa réponse. Ça restait son prof, qu’il ne connaissait pas si bien que ça, même s’il le respectait énormément et avait eu l’occasion de discuter avec lui auparavant, c’était resté dans un contexte strictement académique. Dmytro se dit qu'il devrait simplement se contenter de lancer un non poli. Dire qu'il a fait ce qu'il avait à faire et s'en aller. Peut-être même prétexter d'autres obligations.

Et pourtant, pourtant, il avait franchement envie de tout lui lâcher, là, maintenant. De lui faire confiance, de prendre son offre, si généreuse, de tout dire. Il n’avait pas eu l’occasion de parler à grand-monde récemment, il s’était obstinément isolé, renfermé. Il pouvait encore se dire que ce n’était que dans sa tête. Des impressions, des illusions. Les répliques sur le papier, un scénario, une étude, une exploration de thèmes. Il pouvait continuer à se mentir longtemps, Dima, mais ça ne lui ressemblait pas, lui qui tenait l’honnêteté en si haute estime, ce n’était pas lui. Au fond, il avait franchi le point de non retour, à la seconde où il avait permis à quelqu’un d’autre de lire le contenu de son cahier.  Et puis le professeur était là, avec un air et un ton qui semblaient réellement compréhensifs, un truc dans la voix qui faisait éclater ses remparts, qui lui donnait envie de se confier parce que merde, c’est vrai quoi, ça remontait à quand la dernière fois qu’il avait eu une vraie conversation ? Son dernier message à sa soeur devait remonter à y’a un bon mois, et il avait brûlé à travers ses relations interpersonnelles comme ses clopes. Alors cette main tendue, ces paroles bienveillantes, il avait désespérément envie de s'y accrocher. Même si jamais il n'aurait cru que ça pouvait venir du prof Min, connu pour ses mots acerbes, si imposant et intransigeant. Et bien d'autres adjectifs encore, mais au fond il comprenait, n'est-ce pas? Il comprenait, d'une manière ou d'une autre, et ça... ça il ne pouvait pas l'ignorer.

Il acquiesça de nouveau,  hochant la tête lentement, le regard indirect, encore hésitant. Les doigts qui s’arrachent la petite peau autour des ongles. Puis finalement, il reprend la parole.

Bon, j’sais pas comment vous faites monsieur, y’a rien qui vous échappe. Petit rire inconfortable. Vous savez comme j’viens de vous dire que j’avais ce besoin d’écrire ça en particulier ? Bah, c’est comme vous dites, dans ma tête H24. Un truc à vous rendre fou quoi, je sais pas si c’est ça une crise existentielle, vous allez peut-être trouver ça super dramatique, mais c’est comme ça que j’le ressens. J’avais espéré qu’en écrivant, en extériorisant ça, que y’aurait je sais pas moi, une catharsis, quelque chose, mais pas vraiment en fait. J’veux dire, ça aide, un peu, mais ça fait pas tout. Sans doute que je réfléchis trop. Et que j’suis fatigué, et je sais plus trop où j’en suis.
Haussement d’épaules totalement millimétré et pas authentique du tout, comme pour se détacher de tout ce qu’il vient de dire.
Comme s’il lui en avait pas révélé plus qu’à quiconque d’autre, vraiment.
Parce qu’il parle Dmytro, il parle, il parle et il regrette après. Et à chaque phrase supplémentaire, y’a une partie de son esprit qui lui hurle de fermer sa gueule. Dans ces instants, il déteste sa vulnérabilité, et sa sale tendance à ressortir sans préavis, dès qu’on lui montrait juste un peu de patience et de compréhension. Il voudrait reprendre les derniers instants, dire que ha ha c’est une blague allez merci pour les commentaires et les conseils bonne journée. Mais c’était impossible ça, alors tant pis, tant pis, tant pis. Soupir écorché et inspiration bancale.

Hey monsieur, tout à l’heure, vous avez dit que vous vous sentiez visé par c’que j’ai écrit… Est-ce que je peux vous demander pourquoi ? Après tout, il lui semblait encore et toujours que le monsieur Min devant lui, dans toute son élégance et sa maîtrise de soi, semblait aux antipodes de la tourmente qui l’agitait. Il devait savoir, en espérant qu’il n’était pas en train de franchir une ligne, d'essayer de creuser là où il ne devrait pas.

@GWANGSU / BUREAU DE GWANGSU

Winter





Dmytro
Mar 15 Fév - 11:53
Gwangsu
Gwangsu
Gwangsu
Gwangsu
Occupation : prof de scénarisation & leader de hyeol
Gwangsu
Logement : gangnam
Gwangsu
Présentation : as bad can be
Gwangsu
Relations : untamable
Gwangsu
Messages : 63
Gwangsu
Date d'inscription : 19/11/2021
Résonner était peut-être un euphémisme.
C'était maladroit, mais c'était définitivement une partie de son existence qui s'était faite rappeler à l'ordre par les mots couchés sur le papier. Une partie de lui dont il était fier. Qu'il voudrait pouvoir exhiber à la planète toute entière. Une partie de lui dont il n'a jamais eu honte. Des origines. Un héritage comme un autre, qui ne menaçait personne. Qu'il savait maîtriser comme la grande majorité de ses semblables.
(Et les autres n'étaient que de la vermine.
Ou des âmes égarées, ignorantes, qu'il fallait aiguiller.)
Car il a conscience, toujours, de sa vie choyée et privilégiée. Il a grandi avec sa situation, d'une famille qui la porte depuis des siècles. Pas tous ont cet environnement prône à l'acceptation de soi. Certains sont perdus chez ceux dénués de crocs. D'autres se retrouvent noyés dans leur univers trop vite, trop seuls. Sans personne pour leur montrer le chemin ou leur apprendre les règles du monde dans lequel ils ont mis les pieds. Et s'il n'avait jamais eu à vivre la transformation, il l'avait vue. Il connaissait la douleur et la soif insupportable de ceux qui passaient le fleuve des trois chemins. Alors il t'observe, Gwangsu. D'une nouvelle curiosité à ton égard.
Sur quel côté de la berge tu as les pieds ?
Celui des ignorants, ou celui des éveillés ?
Rien ne se jette, Dmytro. Mais tout s'améliore.
Il n'y a pas de mauvaises idées. Que des pierres à affiner.
Elles n'ont pas toutes la même valeur, c'est vrai. Mais les pierres les plus pauvres font de très beaux ornaments il ne faut pas l'oublier. Une idée n'est pas exclusive. On peut la garder sur le côté pour la ressortir à la meilleur opportunité, même si c'est pour embellir un autre travail. Fabriquer des histoires, c'est être comme un joailler. On travaille les bijoux et si travailler avec la perle rare rend la chose plus aisée, il faut être capable de polir même les plus mal aimées. Il y aura toujours quelqu'un pour les apprécier et voir leur vraie beauté.

Il te regarde griffonner avec acharnement dans ton cahier, profitant de l'arôme du café. Celui qui se profile sur sa langue, qui remonte à ses narines et la couleur qui tourne dans sa tasse alors qu'il se fait patient. Qu'il te laisse la fuite ou l'honnêteté. C'est à toi de décider sur quel pied danser. Il a tout le temps de te laisser décider du tempo, après tout. Le mensonge qui se profile seulement pour s'éfiler rapidement au travers des constatations qui semblent te percuter au fur et à mesure qu'elle sorte de tes lèvres. Ah, oui. Fatigué tu l'es. Il ne faut pas être un génie pour le comprendre ou le remarquer. Il faut juste faire attention.
Ca réduit déjà beaucoup les concernés.

Le stress au bout de tes doigts qu'il ne manque pas.
Il se doute que ça n'est pas facile de s'ouvrir à un étranger - parfois c'est plus simple qu'à ses proches, au moins - et trouver les bons mots n'est pas chose aisée. Inventer une histoire est assez dure. Transmettre la sienne est parfois le travail d'une vie. Ca s'improvise maladroitement. Mais c'est le genre d'histoires avec lesquelles on peut se le permettre. Les plus sincères. Les plus touchantes. Même ce rire qui t'échappe, qui prouve que c'est difficile, lui fait penser qu'il a bien fait de demander. Il faut que ça sorte, au fond. Il n'est pas le psychologue de ses élèves. Mais il est prêt à faire des exceptions.
Vous n'êtes pas dramatique.
Son dos se repose dans le dossier de son fauteuil. Il t'invite à te poser dans une chaise non-loin. On dirait que la conversation va durer plus longtemps que prévue, autant que tu sois le plus à l'aise possible. Avec un café et assis, c'était déjà ça de gagné.
Vous êtes un être sensible, Dmytro. Comme tout être vivant avec des émotions. Elles nous affectent et nous ne pouvons les contrôler qu'à un certain degré. Les crises qui parcourent notre existence sont réelles et personne n'a le droit de minimiser la manière dont vous ressentez les choses. Vos émotions seront toujours valides. N'en doutez jamais. Le plus dur c'est de l'admettre et de trouver la force d'avancer. Toute crise a une résolution. C'est une des bases que l'on connaît.
Seules les tragédies sont exemptes de ces règles.
Mais il ne croit pas aux dieux, Gwangsu. A un pouvoir divin qui serait assez fort pour vouer l'humanité à une fin funèbre. Il croit en l'Homme, et en ceux qui forgent leur chemin. Même si la route est instable. Même si le périple est dur. L'objectif en vaut la chandelle. Il en vaut tous les moyens.

Puis vient la question.
Il ne l'avait pas anticipée, mais il l'avait envisagée.
Il en sourit. Observe le café de la noirceur de ses propres orbes. Trouver les mots, encore. Toujours. Une histoire à raconter. Une avec laquelle il doit être prudent et méticuleux. Ses improvisations préférées.
Et bien... L'on en revient à nos cores, n'est-ce pas ? Aux instincts. Aux besoins - vitaux. Ce qui nous forgent et nous laissent exister.
L'exemple lui est évident.
Nous avons tous besoin de boire pour vivre.
Il pose sa tasse délicatement sur le bureau.
Remonte ses yeux sur toi alors que son coude vient se poser sur l'accoudoir pour que sa main soutienne son visage élégamment. Jambes croisées. Il n'est pas malheureux, Gwangsu. Pourtant il a l'air de savoir, de connaître. De comprendre. De tenir les savoirs d'un monde que trop peu connaissent.
(Tu y as mis les pieds aussi, pas vrai ?)
La différence vient de bien des manières. Mais elle ne doit pas nous empêcher de vivre. Il y a tellement d'êtres sur Terre et aucun d'entièrement semblables. Physique. Personnalité. Coutumes. Usages. Langage.
Son sourire s'agrandit légèrement.
Régime alimentaire.
Oh, il sait ce qu'il fait.
C'est normal d'avoir peur de la différence. L'inconnu effraie. Il est dur à accepter. Mais le fait est que nous sommes tous des êtres humains et qu'au milieu de la norme que nous connaissons il existera toujours ce que l'on considérera comme une exception. Une qui peut être la norme d'un autre. C'est vague comme notion, vous ne trouvez pas ? La normalité. L'inconnu effraie tout le monde, Dmytro. C'est naturel. Le plus important, c'est d'apprendre à accepter. A connaître. Elargir ses horizons. Chez les autres, comme chez soi.
Son sourire se fait quelque peu doux.
Après tout, les gens changent. Vous n'êtes plus celui que vous étiez enfant et vous n'êtes pas encore celui que vous serez dans dix ans. Mais au fond, vous êtes toujours vous. Et vous le serez toujours. Rien que ça peut faire peur. Mais n'est-ce pas là toute la beauté de la vie ? D'embrasser l'évolution perpétuelle qui nous berce et nous enrichie ?
Un léger rire le traverse.
Chaleureux.
Vivant.
Humain.
Autant qu'un autre et moins que certains.
Mais ce n'est là que mon avis, bien sûr. Un peu de sagesse d'un vieil homme que je peux vous faire entendre. Vous n'avez pas à tout accepter ou prendre mes mots comme une vérité sainte, mais j'espère que cela peut vous aider un peu. Au moins à réfléchir.
Et s'il y a d'autres questions, il les écoutera.
Il t'écoutera.
Car après tout, il a le temps.
C'est l'avantage de l'âge, on a appris à ne plus courir.
On sait qu'on a encore toute la vie devant soi.




Gwangsu
Sam 26 Fév - 19:15
Contenu sponsorisé
Contenu sponsorisé
Contenu sponsorisé
Page 1 sur 1
Sauter vers:
Créer un forum | ©phpBB | Forum gratuit d'entraide | Signaler un abus | Forum gratuit